Mon amour, j'ai envie d'être triste...
Je sais, ça ne fait pas de sens. Je ne te demande pas de comprendre, même moi je ne saisis pas totalement pourquoi ça arrive. JE VAIS BIEN, je te rassure. Toi pis notre fille, vous faites mon bonheur au quotidien. Je fais le travail que j’aime, j’ai la maison de mes rêves, la vie que j’ai toujours voulu.
Mais ça me manque d’être triste. En fait, non, c’est pas ça. Je ne crois pas que ce soit la tristesse qui me manque, mais juste l’intensité extrême d’une émotion…C’est vraiment triste à dire, mais aucune émotion positive ne m’a ‘’rempli’’ comme le noir d’une tristesse profonde, une espèce de haine…Et par moment, même dans cette vie parfaite, j’ai besoin de ressentir ce noir, pour me prouver que j’existe encore.
Tu sais, avant toi, je n’avais connu que des montagnes russes. Des moments dignes des plus grands films d’amour, des high incroyables, inimaginables…Pis des débarques en enfer qui suivaient inévitablement. Je me suis cassé la gueule bin des fois et je m’accrochais à ce mal en attendant la prochaine remontée fulgurante…et fugace.
J’ai vécu comme ça pratiquement toute ma vie. C’était comme une junkie qui a besoin de son fix pour se sentir vivre…J’ai l’impression par bouts de m’être perdue depuis que j’ai la petite vie rangée, de ne pas être entièrement complète. Sûrement car c’est assez intense comme changement! 95% du temps, mon bonheur me comble de joie, mais certains jours, comme aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il me manque un petit quelque chose…
Je ne t’échangerais pas, ni toi mon amour, ni rien d’autre de ma vie. Mais parfois, cette intensité qui me faisait sentir si vivante me manque. Est-ce que j’ai peur du bonheur? Je ne pense pas. Mais quand j’ai ce ‘’manque’’ là, j’ai besoin de ma bulle, d’écouter des chansons qui me fendent le cœur, de pleurer, de crier à m'époumoner et de rester seule pour bien m’imprégner de cette détresse. Pour me sentir entière, ‘’moi’’, celle que j’étais…Pour me rappeler mes racines peut-être? Ou c'est un deuil non terminé…
Je ne sais pas pourquoi mon ange, je n’ai toujours pas les réponses…Mais j’ai appris à accepter cette part de moi et je comprend ton incompréhension face à tout ça. Je m’excuse pour ce besoin étrange (qui heureusement n’arrive pas souvent et est passager), mais il fait en quelque sorte parti de moi… Mais, je te le répète, JE VAIS BIEN.
Tu retrouveras bientôt ta femme souriante et épanouie. En attendant, ne t’inquiète pas et…viens briser ma bulle quand tu t’ennuies trop! Je t'aime,
La chatte de gouttière
Alfredo —
J’aime beaucoup, c’est beau et bien écrit. Ça m’a bien aidé pour répondre aux questions que je me posais à moi même. Merci