Lettre à toi, mon enfant arrivé trop tôt
Il y a 16 ans aujourd'hui, je me faisais avorter de toi. Je ne le saurai jamais, mais j'ai toujours senti que tu étais un IL. J'aurais aimé te connaître, crois-moi. J'y songe souvent. Ta petite soeur aura bientôt 7 ans et ça me le rappelle encore plus. Tu serais presqu'un adulte! Et ça me fait réaliser à quel point j'ai pris la bonne décision pour nous deux, toi et moi, même si ce fut celle qui m'a le plus déchiré le coeur...
Ton géniteur était un être cruel et égoïste, il ne mérite pas d'être appelé un père. J'aimerais te mentir et te dire qu'il était jeune, tourmenté et tout, mais la réalité c'était qu'il était méchant, violent et manipulateur. Je cherchais comment me sortir de cette relation à l'époque. Je me suis dit que moi, je pouvais endurer le temps de partir, mais je voulais t'éviter ces souffrances et cet exemple. Certains doivent se dire que j'aurais pu te faire adopter, mais j'en avais aucunement la force. Passer ma vie à me demander si tu étais bien, si tu avais mangé ce matin...c'était au-dessus de mes forces. Ironiquement, je t'aimais trop pour ça...
Tu le sais sûrement, tu es arrivé par ''accident'', car mon contraceptif était inefficace et je ne le savais pas, ce n'était pas car je n'ai pas pris mes responsabilités. Les gens jugent tellement drastiquement, mais la vie m'aura appris que tout n'est pas tout noir ou tout blanc. Je l'ai appris dans cette clinique, en fait. Moi, la fille avec aucune demi-mesure, celle qui n'arrêtait pas de dire que l'avortement n'était pas une solution.
J'étais là, moi-même, à attendre l'intervention. Ton géniteur était là, mais que par parure. Je me souviens de ses blagues de bébé mort le lendemain, de la fille qu'il a été voir alors que mon corps réagissait déjà à ta présence, avant même que ma décision ne soit prise. Je me rappelle aussi les deux autres filles qui attendaient avec moi dans la salle. Une, quatorze ans, violée par son père. C'est là que j'ai pensé à toutes les horreurs partagées, pleines de jugements, sur ceux qui se font avorter. J'ai pensé au jugement qu'elle subirait, en plus de l'horreur qu'elle avait du traverser, et j'ai pleuré pour elle. J'aurais voulu la serrer dans mes bras...
Je me souviens aussi de celle de dix-sept ans, à ma droite, qui était là avec sa mère et qui riait avec ton géniteur. C'était sa sixième visite à la clinique. Elle trouvait ça bien drôle! Pour elle, c'était la coutume. Elle n'aimait pas les condoms donc quand il arrivait un ''accident'', elle venait ici. Ces paroles là m'ont donné envie de vomir, j'étais consumée par une telle rage! Moi, je t'aimais, mais je devais te laisser partir... Pour elle, tu n'étais pas une vie, tu n'étais qu'un inconvénient dont il fallait se débarrasser. Elle n'avait aucune conscience... Encore aujourd'hui, je déteste celles qui se servent de l'avortement comme moyen de contraception, c'est contre toutes mes valeurs les plus viscérales, mais, contrairement à l'époque, je comprends que chaque situation est unique et que les femmes qui passent par là ne le font pas toutes par manque de jugement, au contraire...
Mais, revenons à toi. Je sais que j'aurais pris mes responsabilités, que tu n'aurais manqué de rien d'essentiel, mais je n'avais pas du tout la maturité de t'avoir. Je n'avais AUCUNE stabilité et je n'étais pas prête à en avoir une non plus. J'ai 35 ans maintenant et il y a encore des jours où je me questionne sur ta petite soeur, à savoir si je fais bien les choses (c'est un lot de maman ça, je crois), mais au moins j'ai du vécu, des valeurs et des expériences que je peux lui partager et lui inculquer. Avec toi, j'étais encore une enfant moi-même...brisée, de surcroît, par la relation que je vivais. Je t'aimais assez pour te laisser partir...Je voulais t'offrir le meilleur, pas cette horreur... Et je ne regrette pas de l'avoir fait, même si tu m'as manqué, parfois (souvent).
Une partie de moi ose penser que c'est toi qui est revenu, maintenant que j'étais prête, quand je regarde ma petite princesse...Pour tous les autres qui vont apposer 1000 jugements, je vie très bien avec ma décision qui fut la plus sensée à mes yeux à l'époque, mais j'espère que toi, tu l'auras compris...
Si les chats vont au paradis (et celui-là je suis sûre que oui), flatte le beau Billy pour moi. Tu sais, j'ai été le chercher en sortant de la clinique et les 5 années passées avec lui étaient magiques. Il fût celui qui m'a donné tout l'amour dont j'avais besoin dans une période où je n'avais pas le soutien des personnes dont j'aurais eu besoin. Sans ce chat, j'aurais probablement été te rejoindre... Mais aujourd'hui la vie est si belle... tu restes dans mon coeur, mon amour qui est arrivé trop vite.
Ta maman
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Nickie —
Ma chère Marion, ce n’est pas tout le monde qui est capable de donner son enfant en adoption, de passer à travers sa grossesse, de donner un bébé qui a grandit dans son ventre, de ne pas savoir s’il sera bien traité par son autre famille, devoir s’expliquer plus tard à cet enfant sur le pourquoi elle l’a abandonné, alors que ça lui brisait déjà le coeur…
Je ne vois pas du tout ce témoignage comme un acte d’amour en l’avortement, mais plutôt comme une femme qui a eu à faire un choix déchirant dans sa vie et qui a finalement décidé de l’accepter et de se pardonner.
Marion —
Elle est vraiment très triste cette lettre. Certaines femmes voient vraiment l’avortement comme un acte d’amour. Si elle n’était pas prête, elle aurait dû donner son bébé à l’adoption.